Logo Météo Toulouse, météo expertisée et gratuite

Peut-on savoir si l'hiver sera froid ?

L'automne météorologique vient de débuter en France, une saison marquant la transition entre la saison chaude et la saison froide. Ainsi, nous commençons donc à nous intéresser aux prévisions pour le prochain hiver en France, mais peut-on vraiment faire confiance aux tendances déjà disponibles ?

 

Vers un hiver 2025/2026 froid ?

Les tendances pour les mois de décembre 2025 et janvier/ février 2026 sont donc déjà disponibles grâce aux modélisations des modèles saisonniers. En général, on utilise les modèles européens (ECMWF) et américains (CFS) pour établir une tendance saisonnière, c'est donc sur ceux-ci que nous nous concentrerons dans cet article.

Pour le moment, le modèle européen entrevoit un hiver 2025/2026 globalement bien plus doux que la normale sur l'Europe et la France. En effet, selon ce modèle, aucun mois ne présenterait d'anomalies négatives de températures sur notre pays avec au contraire des températures en moyenne bien plus douces que la normale.

Anomalies de températures pour les mois de décembre, janvier et février en Europe – ECMWF

 

Une tendance qui est d'ailleurs très similaire à celle proposée par le modèle américain CFS avec un été là aussi très doux en France et des anomalies de températures globalement assez marquées à l'échelle du pays en moyenne sur l'hiver.

Anomalies de températures pour les mois de décembre, janvier et février en Europe – CFS

Ainsi, si l'on suit à la lettre ces tendances, on peut s'attendre à un hiver à nouveau anormalement doux sur la France, mais aussi sur la quasi-totalité de l'Europe, une tendance qui sera donc loin de réjouir les amoureux du froid et de la neige. Néanmoins, quel crédit apporter à ces prévisions ?

 

Une tendance à prendre avec des pincettes

En moyenne, les prévisions saisonnières sont considérées comme relativement fiables avec toutefois une marge d'erreur se situant en général autour de 40 à 60%, ce qui reste élevé par rapport aux prévisions à court et moyen terme.

Néanmoins, cela laisse tout de même une marge d'erreur importante quant à la survenue de la tendance proposée, si il y a 50% de chances pour que le prochain hiver soit plus doux que la normale, il y a aussi 50% de chances qu'il soit plus froid ou alors proche des normales.

Les tendances saisonnières sont des projections à très long terme proposant des scénarios dominants allant jusqu'à 6 mois d'échéance. Celles-ci servent donc à dégager une tendance générale, c'est à dire qu'elles évaluent la probabilité que le mois soit plus sec, plus humide, plus dépressionnaire, plus chaud ou plus froid que la normale.

Exemple de probabilités de scénarios de températures pour les mois de juin, juillet et août 2024 – Météo-France

 

Ces tendances ne sont ainsi qu'une probabilité qu'un scénario choisi se produise effectivement durant la période voulue. Cette notion de probabilité est importante car elle n'assure pas à 100% que le scénario choisi se produira effectivement. En effet, ce type de prévision reste encore expérimental, se basant sur les paramètres climatiques à un instant T et utilisant les dynamiques atmosphériques générales pour établir des tendances à très long terme.

De plus, dans la dynamique de réchauffement climatique actuelle, nous avons remarqué ces dernières années que les modèles de prévisions privilégient quasi systématiquement l'option du réchauffement, ce qui rend quasiment impossible à prévoir un mois plus frais que la normale à une échéance aussi lointaine. Cette tendance aux prévisions saisonnières toujours plus douces/chaudes a d'ailleurs valu de mauvaises surprises pour beaucoup durant l'été 2021 ou durant les mois de juillet et août 2023 par exemple.

Comparaison entre la tendance saisonnière pour l'été au printemps 2021 et la réalité - Météo Villes

 

Il est également important de prendre en considération que la prévision saisonnière fait état d'un temps moyen sur une période donnée. En effet, si un mois est par exemple prévu plus doux que la normale, cela ne veut pas forcément dire que la totalité de ce mois sera anormalement doux, simplement que les températures moyennes de la période seront situées au-dessus des normales.

Par exemple, le mois de mai 2024 était prévu d'être sensiblement plus chaud que la normale par les tendances saisonnières, ce qui fut effectivement le cas si on se base sur les températures moyennes durant ce mois. Pourtant, le ressenti en fut tout autre avec des températures régulièrement situées sous les moyennes mais une période de chaleur marquée à la fin de la première décade ayant permis de maintenir les températures moyennes au-dessus des normales de la période.

Anomalie de la température quotidienne en mai 2024 en France - écart à la moyenne 1991-2020 - Infoclimat

 

Si l'hiver 2025/2026 est donc prévu doux, rien ne dit que des vagues de froid temporaires ne pourront pas se produire durant les mois de décembre, janvier et février et apporter ainsi des conditions hivernales sur une partie plus ou moins larges de la France. De plus, une vague de froid est un phénomène qui s'entretient de lui-même (notamment à cause de la neige au sol), il suffit donc de peu pour tout faire basculer en période hivernale. Un phénomène qui n'est pas du tout prévisible à une échéance si lointaine.

Ainsi, même si les tendances saisonnières sont en constante amélioration et de ce fait de plus en plus fiable, il est important de ne pas prendre les prévisions à une échéance si lointaine au pied de la lettre. L'important est de retenir que celles-ci font état d'une probabilité d'occurrence d'un type de temps dominant sur une période.

Si la majorité des modèles de prévisions saisonnières s'orientent vers un hiver 2025/2026 doux, alors la probabilité que celui-ci soit effectivement plus chaud que la normale se montre élevée comme c'est le cas actuellement. Mais rien n'empêchera des épisodes hivernaux plus ou moins durables et marqués de se produire malgré tout, chose qu'il n'est pour le moment pas possible d'appréhender à une échéance si lointaine.

 

 

Auteur : Tristan Bergen

Photo de Guillaume SECHETHistoire du site Météo Toulouse